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De pittoresques enseignes décoraient jadis les boutiques parisiennes et donnaient aux rues de la ville la physionomie la plus originale.

Et si une ordonnance de 1766 exige qu’elles ne prennent plus la forme, dangereuse pour les passants, d’une potence, elles n’en connaissent pas moins un fabuleux essor, devenant même le support de messages politiques facétieux au XIXe siècle.

A Paris alors, les marchands des divers métiers avaient la coutume de mettre, à leurs fenêtres et sur leurs portes des bannières en forme d’enseignes, où se trouvaient figurés le nom et le portrait du saint ou de la sainte qu’ils avaient choisi pour patron ; cependant, on rencontrait aussi, parfois, au lieu d’une figure de moine ou de vierge martyre, divers emblèmes ou rébus qui exerçaient l’esprit sagace des curieux, dont le plaisir était grand de chercher le sens caché de l’enseigne.
Les plus savants personnages ne dédaignaient pas d’user de ces jeux de mots dans leurs enseignes.

Certaines témoignent d’une invention et d’une liberté de ton insoupçonnées. Telle boutique s’intitule «l’Épi scié» avec rébus correspondant.

Dès la fin du XIIIe siècle, la voie publique devient un vaste jeu : jeu de mots, de rébus, de calembours et de nos jours ces charades, ces traits d’esprit sont toujours d’actualité, à découvrir :

Quelques rébus ou jeux de mots ou calembours anciens

Certains sont énigmatiques, recherchés, humoristiques…

À l’époque des guerres de religion, au 16 ème siècle, sont apparues de nombreuses enseignes qualifiées d’impies dans la mesure où elles détournaient dans leurs rébus les symboles religieux.

Ainsi, au 13 rue Saint-Séverin 75005, on pouvait trouver ce calembour gravé dans la pierre, représentant un cygne au pied d’une croix, ce qui donnait : « Au Cygne de la Croix ».

Dans le quartier de la Croix-Rouge au 19 rue du Cherche-Midi 75007, on trouve une enseigne datant du 17ème-18ème siècle et représentant un astronome en vêtement antique qui semble chercher midi à quatorze heures sur un cadran solaire tenu par un angelot.

Ce médaillon sculpté dans la pierre a remplacé la sculpture peinte originale qui a donné son nom à la rue et a inspiré l’expression « chercher midi à quatorze heures ».

Un superbe bas-relief d’un ancien commerce de vins au 122 rue Mouffetard 75005

Cette fameuse enseigne de la rue Mouffetard abrite au 17ème siècle un marchand de vin qui fait sculpter ce bas-relief en bois polychrome peint, représentant deux compères tirant de l’eau d’un puits.

Avant d’être repris par un épicier qui fait ajouter l’inscription « Á la Bonne Source », cette échoppe était connue sous le nom de « Puissant Vin », en référence à ce rébus signifiant « Puits sans vin ».

Au Lapin Agile 22 Rue des Saules 75018 Paris est le doyen des cabarets parisiens.

C’est un jeu de mot tiré de l’enseigne représentant un lapin bondissant d’une marmite, peint par l’artiste Gill, qui a donné son nom à ce cabaret ! La fin du 19e siècle marque l’éclosion des grands cabarets qui firent la réputation de Montmartre.