Toujours à la recherche de diverses informations pittoresques sur Paris.
Voici une nouvelle série de questions sur Paris posées par Raymond Queneau, dans son livre : Connaissez-vous Paris ?
Des questions insolites, sur divers domaines de l’Histoire de Paris, si vous n’avez pas trouvé!!!!
Les réponses figurent en bas de page avec une illustration photographique:
1-Quel est cet étrange bâtiment tout droit sorti de l’univers marin qui pointe entre les toits parisiens ?2- Où se trouve ce magnifique immeuble où vivait le maître absolu de l’art nouveau à Paris ?3-Saviez-que dans cet étonnant bâtiment à Paris s’activaient autrefois 1400 “demoiselles du téléphone” ?4-Savez-vous pourquoi ce quartier parisien est surnommé la “Petite Égypte” ?5- Connaissez-vous l’histoire extraordinaire de ce somptueux hôtel particulier du XIXe siècle au cœur de Paris ?
1-C’est un bien étrange serpent de verre qui pointe au milieu des classiques toits en zinc parisiens en plein coeur du 13e arrondissement… Derrière cet étonnant bâtiment, se cache la fondation Jérôme Seydoux – Pathé, un centre de recherche sur le cinéma dédié aux historiens, enseignants, étudiants, et à tous ceux qui se passionnent pour le 7e art.
Ouverte en septembre 2014, la fondation ne s’est pas installée dans n’importe quel bâtiment. En effet, elle a posé ses valises dans l’ancien théâtre des Gobelins, où furent projetés les premiers films Pathé. De tout temps, cet édifice était déjà un lieu de culture puisqu’il accueillait autrefois, en 1934, un ancien cinéma du nom de Le Rodin puis le Gaumont Gobelins-Rodin.
Le projet de rénovation a été confié à l’architecte Renzo Piano, qui a pris le parti de conserver uniquement la façade, classée au titre des monuments historiques, de casser l’ancienne salle de spectacle et de concevoir une coque de verre de 5 étages, qui laisse passer la lumière. Inspiré de l’univers marin, cette forme originale est recouverte de panneaux d’aluminium perforé pour protéger les occupants du soleil et réduire le vis-à-vis.
À l’intérieur, le bâtiment est soutenu par une charpente en bois et métal laissée apparente. La construction n’a pas été de tout repos puisque les engins de construction ne pouvaient passer. La solution ingénieuse trouvée par le cabinet d’architecture ? Préfabriquer la plupart des éléments et les monter comme en kit sur place.
Si le rez-de-chaussée et les deux derniers étages (qui accueillent le centre de recherche et documentation) sont entièrement vitrés, les trois étages entre les deux ne disposent d’aucune fenêtre. Et pour cause : ils abritent toutes les archives de la fondation. Affiches de films, publicités, appareils cinématographiques, ouvrages et périodiques, archives administratives, une collection de 4000 films muets… Ce sont autant de trésors issus de la collection de Pathé depuis sa création en 1896 qui sont ici accessibles.
Un centre de recherche, des réserves des collections, une salle de cinéma dédiée à la programmation en ciné-concert du cinéma muet international, et des espaces d’exposition… La fondation Jérôme Seydoux – Pathé oeuvre à la conservation et à la démocratisation du patrimoine cinématographique.
Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
73 avenue des Gobelins
75013 Paris
2-Ce grand nom de l’architecture Art nouveau à Paris aura bien fait parler de lui. Entre les bouches de métro et un nombre d’immeubles éparpillés un peu partout dans la capitale, le nom d’Hector Guimard est connu de tous les Parisiens et Parisiennes. Tellement connu qu’un bâtiment de Paris porte son nom. On vous le fait découvrir.
Mais avant de commencer, un petit peu d’histoire et une courte biographie. Né à Lyon en 1867, Hector Guimard quitte rapidement le cocon familial pour monter à Paris y faire des études d’architecture. À seulement quinze ans, il intègre la prestigieuse École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs située dans le 5e arrondissement, rue d’Ulm. Aux côtés de Charles Génuys, il apprend les fondamentaux de l’architecture et se sensibilise surtout à l’utilisation de matériaux modernes tels que le fer, le ciment, ou encore le béton armé. Une nouvelle génération d’architectes – dont il fait.
Maintenant, rentrons dans le vif du sujet : l’hôtel Guimard. Situé dans le 16e arrondissement, au numéro 122 de l’avenue Mozart, cet immeuble de trois étages ressemble, à première vue, à ses voisins. Mais, lorsqu’on l’observe davantage, on remarque rapidement les différences entre lui et ses congénères. Fait en pierres et en briques blanches et beiges, il ne respecte pas entièrement le côté “pierres de taille” des grands immeubles haussmanniens. De plus, aucune fenêtre ne ressemble à l’autre.
Certaines sont arrondies et décorées de moulures. D’autres sont rectangulaires et droites. Certaines sont immenses et disposes d’un balcon en fer forgé, d’autres sont toutes petites, presque comme des meurtrières. Au troisième étage, un balcon file le long de la façade, poursuit la courbe de l’angle de la rue, et s’arrête net au tiers de l’autre côté. En somme, une architecture éclectique pour un homme un tantinet farfelu et un immeuble aujourd’hui classé aux Monuments historiques.
Ce qui change aussi vis-à-vis des autres bâtiments, c’est que les murs porteurs sont exclusivement ceux à l’extérieur, laissant place à toutes sortes d’imagination pour la configuration des pièces de cet hôtel particulier. Construit pour qu’Hector Guimard y vive avec son épouse Adeline Oppenheim, tout y a été aménagé comme une maison d’habitation.
Au rez-de-chaussée, l’agence d’architecture du propriétaire. Au premier, un salon et une salle à manger, tous deux de forme ovale, pour y accueillir tous leurs amis. Au deuxième, la grande chambre du couple et, au troisième, une chambre d’amis ainsi que l’atelier de la femme de l’architecte. Presque chaque objet, chaque pièce du mobilier a aussi été pensé et conçu par Hector Guimard. Aujourd’hui installé au musée des Beaux-Arts de Lyon, ce mobilier au jeu de courbes magnifiques en bois clair nous dévoile une partie de la vie de ce couple parisien et change radicalement de ce qu’on peut trouver chez IKEA… On veut le même !
Hôtel Guimard
122 avenue Mozart
75016 Paris
3-En plein cœur de Paris, où le style Haussmannien prédomine, un bâtiment à l’architecture étonnante attire l’œil : le central téléphonique Gutenberg !
En se baladant dans le quartier, les curieux ne se lassent pas d’admirer la Poste du Louvre, une sublime bâtisse haussmannienne pensée par l’architecte Julien Gaudet et inaugurée en 1881. Mais, c’est un autre édifice qui a attiré notre regard aujourd’hui : le centre téléphonique Gutenberg, situé entre le 46 bis de la rue du Louvre et le 55 rue Jean-Jacques Rousseau. Avec ses tours médiévales, sa façade de briques vernissées bleues et son autre façade industrielle faites de métal et verrière, il allie plusieurs styles.
L’histoire de ce bâtiment est intimement liée à celle de la naissance du téléphone. En effet, à la fin du XIXe siècle, la demande de communications téléphoniques augmente et les centraux existants ne suffisent plus. Quatre nouveaux édifices sont alors construits, dont le Gutenberg, pour pallier cette croissance.
Le projet est confié à l’architecte Jean-Marie Boussard et le central est inauguré en 1892. Au fil du temps, se sont environ 1400 “demoiselles du téléphone” qui s’activent chaque jour ici pour permettre la liaison entre les lignes. Le lieu est chargé de six arrondissements de Paris (1er, 2eme, 3eme, 4eme, 8ème et 10ème) et des communications à l’étranger.
Dans son autobiographie La Demoiselle du téléphone, Madeleine Campana, décrit ce lieu : « Une salle immense comme la nef d’une cathédrale… Celle qui pénètre dans ce lieu saint ne voit que des dos sagement alignés.»
En 1908, le bâtiment est malheureusement ravagé par un incendie. L’architecte Charles Giroud est alors chargé de le reconstruire. Il opte pour une version quasiment identique, avec une structure en béton armé et un étage supplémentaire.
Inauguré 4 ans plus tard, il retrouve sa fonction initiale pendant plusieurs années avant d’être peu à peu délaissé, un fait lié aux évolutions de fonctionnement du téléphone. Malheureusement, le bâtiment est fermé au public aujourd’hui, mais l’on peut toujours en admirer l’extérieur, qui mérite particulièrement le coup d’œil !
Central téléphonique Gutenberg46 bis, rue du Louvre75001 Paris
4-Vous avez déjà entendu parler du quartier de la “Petite Égypte” ? Situé au cœur de Paris, cet endroit est un vestige de l’égyptomanie qui a envahi la France au cours du XIXe siècle, quelques années après l’expédition de Napoléon Bonaparte au cœur du pays des Pharaons…
Nous nous rendons aujourd’hui dans un quartier du 2e arrondissement, connu pour avoir été le centre parisien de l’activité textile durant les années 1980. C’est en effet dans les rues de Sentier que l’on pouvait retrouver un grand nombre de grossistes, de tailleurs, de maroquineries ou de merceries. Mais il s’agit en fait d’une deuxième vie, car le lieu est né près de deux siècles auparavant. Et lors de la construction du quartier au tout début du XIXe siècle, une toute nouvelle esthétique a été développée : les façades et les rues ont été inspirées par un tout nouveau voyage dans des contrées lointaines, celles de l’Égypte qui ont fasciné les Parisiens de l’époque et continuent, encore aujourd’hui, de nous intriguer.
Il faut revenir à la toute fin du XVIIIe siècle pour appréhender cette histoire. En effet, en mai 1798, la France gouvernée par le Directoire décide de rivaliser avec les Anglais en pleine conquête de l’Inde. Ainsi, une expédition est menée pour l’Égypte, et celle-ci est lancée par le général Napoléon Bonaparte, futur Napoléon Ier. Dès son arrivée, l’armée renverse Alexandrie et poursuit sa route vers Le Caire, conquis en juillet, tandis que la ville d’Aboukir est détruite par les Anglais dirigés par l’amiral Nelson. Lors de cette expédition, plusieurs savants sont alors présents et remplissent des centaines de cahiers, de notes et de croquis en rapport avec ce qu’ils sont en train de découvrir. Et de retour en France, ceux-ci ont partagé leurs nombreuses études : ces nouveaux paysages et ces cultures exotiques ont alors immédiatement passionné les Parisiens. Ainsi, de nombreux objets et vêtements ont pris ces couleurs, tandis que des architectures parisiennes ont soudainement pris un petit air égyptien, dont on observe encore les vestiges dans le 2e arrondissement…
En effet, un nouveau quartier fut construit dès 1806 au sein de cet arrondissement, qui n’était pas réellement fréquentable durant l’époque. La forme des nouveaux immeubles construits est alors influencée par tout un imaginaire exotique peuplé de pyramides et de hiéroglyphes. Cette architecture d’un nouveau genre est alors nommée “Retour d’Égypte”, et le quartier prend alors la dénomination de “Petite Égypte“, ou encore “Foire au Caire”.
Dans le 2e arrondissement, si cette influence égyptienne ne saute pas à première vue, on la retrouve tout de même à travers les noms évocateurs de ses rues, telles que la rue du Nil, la rue d’Aboukir, la rue d’Alexandrie, ou encore le passage du Caire, qui peut faire penser à un véritable souk avec son ensemble de grossistes. Sur une façade de la place du Caire, on retrouve également des portraits de la déesse antique Hator, ainsi que des fresques de hiéroglyphes.
On retrouve cette égyptomanie typique du XIXe siècle dans plusieurs endroits parisiens… Bien sûr, tout le monde connaît l’obélisque de la place de la Concorde. Mais saviez-vous qu’il existe aussi une pyramide dans le parc Monceau, des mausolées pharaoniques dans le cimetière du Père-Lachaise, de longues frises sur l’histoire égyptienne dans le Grand Palais, ou encore de nombreuses sculptures de sphinx peuplant la ville ?
5- Réduire Paris à la Seine, la tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, les Champs-Élysées et des immeubles haussmanniens serait une gravissime erreur, tant la capitale regorge de bâtiments et autres lieux remarquables. Si ces endroits ne sont pas tous aussi bien renseignés que les monuments adorés des touristes, il suffit simplement de se perdre dans Paris pour découvrir, au détour d’une rue, une véritable merveille. Prenons par exemple la direction du 17ème arrondissement, au niveau du parc Monceau. En se dirigeant vers la station de métro Malesherbes ou le campus Malesherbes de Sorbonne Université, difficile de louper cette imposante bâtisse haute en couleurs : l’hôtel Gaillard.
Conçu à la fin du XIXe siècle, ce bâtiment détonne d’emblée par son style, bien différent des projets de l’époque. Avec ses toits élancés et ses fines tourelles surplombant des murs de briques, on aurait presque l’impression d’être face à un château. D’inspiration néo-gothique et Renaissance, l’hôtel Gaillard assume sa silhouette haute en couleurs et est clairement en décalage total dans un quartier marqué par les lignes haussmanniennes et la discrétion de la pierre blonde. Édifié de 1879 à 1884 dans le style éclectique, l’édifice s’inspire de la Renaissance française, plus précisément de l’aile Louis XII du château de Blois et d’éléments architecturaux du château de Gien en Val de Loire.
Mis en lumière par des façades spectaculaires et la profusion de décors sculptés, l’hôtel est notamment reconnaissable pour ses murs de briques rouges. Et que dire de la porte gothique ou des toitures : balustrade gothique, lucarnes surmontées de pinacles et monogrammées avec un G, grandes cheminées sculptées… Sur la façade principale, on peut voir deux marmousets sculptés : l’un porte une bourse et symbolise le banquier Émile Gaillard ; l’autre porte une équerre et symbolise
La vérité derrière l’histoire de ce bâtiment, c’est qu’il fallait bien un bâtiment exceptionnel pour mettre en lumière des objets d’art non moins prestigieux. Régent de la Banque de France, Émile Gaillard commande en 1878 à l’architecte Jules Février un hôtel particulier destiné à accueillir ses collections personnelles. Celle-ci est principalement constituée d’œuvres d’art des XVe et XVIe siècles : mobilier, sculptures, tapisseries, vitraux, céramiques, tableaux anciens. Le collectionneur s’intéresse également à la peinture de son époque et possède des tableaux d’Alexandre-Gabriel Decamps, Narcisse Diaz de la Peña et Jules Dupré.
Symbole de réussite, Émile Gaillard a notamment participé au financement des chemins de fer, pris en charge la gestion des biens du comte de Chambord, est l’un des banquiers de Victor Hugo et même l’un des meilleurs élèves de Frédéric Chopin, qui lui dédie l’une de ses mazurkas. Summum de l’élégance, l’hôtel Gaillard reflète à merveille le statut social de son propriétaire et de ses goûts artistiques. Surtout, il répond à trois besoins : loger une famille, recevoir avec faste et mettre en valeur une collection exceptionnelle. Les pièces de service sont situées au rez-de-chaussée tandis que les appartements privés, situés à l’entresol, comprennent la salle à manger, quatre chambres et leurs salles de bain. Enfin, au 1er étage se trouvent les pièces de réception richement décorées : le petit salon, le grand salon et la galerie de tableaux. Quant au 2e étage, celui-ci est réservé au fils aîné, Eugène.
Et si l’aspect extérieur a de quoi impressionner, ce n’est rien en comparaison de l’intérieur. Émile Gaillard et Jules Février ont fait appel à des artistes de renom pour les décors intérieurs, notamment des artisans en charge de la restauration du château de Blois, comme la manufacture de faïence Loebnitz pour le revêtement des paliers de l’escalier d’honneur. De nombreux éléments décoratifs sont d’époque (XVe et XVIe siècles) et proviennent d’édifices anciens, qu’il s’agisse de cheminées, plafonds, panneaux, boiseries, portes sculptées, etc. L’hôtel est inauguré le 11 avril 1885 par un grand bal où sont conviés 2000 invités. Dans des tenues d’époque Henri II, le banquier et sa famille sont les hôtes d’une soirée princière qui semble tout droit venir de la Renaissance. Le XXe siècle est synonyme de grands bouleversements et l’hôtel Gaillard n’échappe à cette tendance. Après la mort d’Émile Gaillard, son hôtel particulier est mis en vente et sa collection dispersée lors d’une grande vente aux enchères organisée en juin 1904. Mais il faut finalement attendre 1919 pour que la Banque de France ne l’achète pour en faire une succursale. De vastes travaux de transformation sont alors menés et un nouveau bâtiment, abritant notamment le grand hall et la salle des coffres, est alors construit dans la cour commune. Contenant 3874 coffres de divers gabarits, la salle des coffres est dotée d’un système de sécurité inédit : protégée par une lourde porte blindée encastrée et entourée d’une douve remplie d’eau, on y accède par un plancher coulissant mu par un système électrique, sorte de pont-levis 2.0.
Près de 100 ans après sa transformation en succursale, l’hôtel Gaillard connaît un nouveau virage à “presque” 180°, en devenant en 2011 une Cité de l’économie. Inauguré en 2019, Citéco propose aux curieux un parcours interactif expliquant les notions et enjeux économiques, monétaires et financiers. Autrefois symbole de richesse, l’ancienne salle des coffres sert de lieu d’exposition des collections de pièces et billets anciens qui proviennent de la Banque de France, de la Bibliothèque Nationale de France, du Conservatoire National des Arts et Métiers et de la Monnaie de Paris. De plus, un espace de 430 m² accueille les expositions temporaires, sans oublier un auditorium de 100 places. Pas de quoi dénaturer les charmes d’époque de cet hôtel exceptionnel, où la moindre
Hôtel Gaillard – Citéco
1 Place du Général Catroux
75017 Paris
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