« Nulle part, cependant, on n’a pu éprouver plus heureusement qu’à Paris la naïve et pourtant très sage insouciance de vivre ; c’est là qu’elle s’affirmait glorieusement dans la beauté des formes, la douceur du climat, la richesse et la tradition » Stefan Zweig, Le Monde d’hier. Souvenirs d’un Européen, 1943.
La Belle Époque est généralement définie comme les quinze ou vingt années qui précèdent la Première Guerre mondiale, mais ces limites sont parfois débattues parmi les historiens. Michel Winock choisit l’année 1900 comme point de départ, tant pour sa valeur symbolique, en tant que dernière année du XIXe siècle, que parce qu’elle coïncide avec « la fin de la tourmente entraînée par l’affaire Dreyfus et les débuts de la République radicale », ainsi qu’avec l’exposition universelle, évènement pacifique qui fait de Paris « la vitrine du monde moderne ».
Pascale Goetschel et Emmanuelle Loyer définissent la Belle Époque comme « une certaine allégresse de vivre au cours de la vingtaine d’années qui précéda le premier conflit mondial, image d’Épinal rétrospective d’une période prise en étau entre, d’une part, la fête impériale de Napoléon III et les difficiles débuts de la Troisième République et, de l’autre, le coup de tonnerre de 1914 ».
Pour Dominique Lejeune, la Belle Époque débute en 1896, année du retournement de la conjoncture économique mondiale. La France connaît en effet, entre 1873 et 1896, une longue période de ralentissement de la croissance, de chômage et de baisse des prix, qui entraîne une certaine instabilité politique.
Ayant plus souffert de cette situation économique défavorable que ses voisins, la France retrouve à partir de 1896 le chemin d’une croissance soutenue et d’une hausse des prix, comme pour l’ensemble des pays industrialisés.
Cette période de paix et de prospérité, propice aux progrès sociaux et techniques, frappe l’ensemble de l’Europe, et correspond notamment en Allemagne au Wilhelminisme. Jean-Yves Mollier souscrit à ces mêmes limites de 1896-1914 et précise « qu’un tel marquage temporel possède tout son sens en histoire économique et justifie l’isolement des années 1896-1914, mais que cette délimitation perd de sa pertinence pour l’étude de phénomènes qui ne relèvent pas de la seule discipline économique ».
Après la Grande Dépression vinrent les beaux jours et l’effervescence de la Belle Époque à Paris. Marquée par les progrès sociaux, économiques et technologiques, la période s’étendra de 1879 à 1914 et la Première Guerre Mondiale. Portée successivement par l’Art Nouveau et l’Art Déco, elle a laissé derrière elle quelques symboles emblématiques de la capitale, à l’image des édicules Guimard des bouches de métro parisiennes. Mais son héritage se ressent également aujourd’hui à travers plusieurs lieux dont voici un tour d’horizon.
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Bistrot du Peintre
Niché au milieu des ateliers d’artiste, ce bar surprend d’abord le visiteur par son éblouissante façade Art Nouveau dont les magnifiques boiseries la classent parmi l’une des plus belles de la capitale.
Á l’intérieur, le décor n’est pour le moins décevant : miroirs entourés de boiseries, peintures pastorales de céramiques pastels, comptoir en étain, moulures peintes au plafond… un cadre d’exception pour se restaurer dans le quartier !
Parmi les plats à déguster : les travers de porc d’Auvergne rôtis aux herbes de Provence, le paleron de bœuf fondant légèrement relevé, les pennes aux légumes du soleil et copeaux de parmesan ou encore le riz au lait caramel gourmand.
Les plats sont en moyenne à 15-18€
Bistrot du Peintre
116 avenue Ledru Rollin
75011 Paris
Tél : 01 47 00 34 39
Boutique Kusmi Tea du 1er
De loin, rien ne laisse présager qu’une boutique Kusmi Tea a remplacé l’ancienne crémerie de la place Vendôme, tant l’enseigne d’origine est tapageuse. Mais, le trompe-l’oeil ne s’arrête pas là ! Passée la devanture en marbre et fer forgé portant les inscriptions en gros caractère “Beurre, laiterie, oeufs”, on tombe nez-à-nez avec un magnifique plafond Art déco au milieu des boîtes à thé colorées.
Une toile peinte fixée sous verre met en valeur un splendide graphisme à motif floral unique en son genre. Un passage obligatoire si l’Art déco est votre tasse de thé…
Boutique Kusmi Tea du 1er25, rue Danielle Casanova75001 ParisTél : 01 42 60 24 97
Brasserie Julien
Au début du XXe siècle, la brasserie Julien était un « bouillon » populaire, fréquenté par Édith Piaf et ses amis. On imagine bien la Môme héler les serveurs, accoudée au magnifique bar en acajou, ou adossée aux colonnes du restaurant.
Comme elle, on se laisse facilement séduire par l’âme du lieu, et le raffinement de ses ornements : dès l’entrée, ses sublimes moulures, ses miroirs, ses faïences au sol et ses trois verrières nous laissent d’emblée bouche bée.
Si l’on observe bien, on reconnaît des paons et des fleurs sur les murs et des hérons au plafond, mais ce sont surtout les femmes en pâte de verre de Louis Trézel qui font la renommée du lieu : quatre nymphes toutes en fleurs, pour représenter les quatre saisons, qui en font la brasserie la plus féminine de Paris, contrairement à ce que laisse penser son nom…
Formule midi. Entrée + plat + dessert. 29 €
Brasserie Julien
16 rue du Faubourg Saint-Denis
75010 Paris
Tél : 01 47 70 12 06
Brasserie Mollard
On ne soupçonne pas une seconde de l’extérieur que ce restaurant, qui passe presque inaperçu dans l’agitation de la gare Saint-Lazare, abrite un somptueux décor Art Nouveau : tableaux de céramique et mosaïques ornent les murs dans des tons très lumineux, des colonnettes et piliers en marbre structurent élégamment l’espace, partout les dorures donnent à ce lieu toute sa splendeur.
Rien ne viendrait dénaturer ce cadre majestueux, si ce n’est quelques miroirs qui ne sont pas d’origine. Une adresse mythique dont les spécialités de crustacés valent le détour.
Spécialisée dans les fruits de mer, Mollard propose également des plats emblématiques comme la Bouillabaisse de poissons de roche en filets, le rognon de veau flambé au Cognac et champignons de Paris, les crêpes flambées au Grand Marnier, sans oublier la fameuse « omelette Surprise Mollard« .
Prix moyen à la carte : 40€ à 60€
Brasserie Mollard
115 rue Saint-Lazare
75008 Paris
Tél : 01 43 87 50 22
Brasserie Vagenende
C’est l’une des nombreuses adresses qu’ont ouvert les frères Chartier à l’époque, et c’en est sûrement l’une des plus luxueuses. Joyau de l’Art Nouveau et symbole de la Belle Époque, le restaurant est caractérisé par ses boiseries, miroirs et nappes blanches et ne déroge pas à la règle des bouillons, en proposant une cuisine traditionnelle, à prix très abordables.
La récente rénovation des lieux a dépoussiéré cet authentique décor Art nouveau, inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
Ses multiples fresques, miroirs et boiseries chantournés d’époque lui donnent une ambiance chic et glamour. La cuisine française de Vagenende, issue du marché et du terroir, y est pleine de vraies saveurs.
Assiettes gourmandes et généreuses, élégantes et raffinées, voilà les recettes de cette brasserie parisienne.
Le terroir et le marché se retrouvent avec allégresse dans des saveurs authentiques et des valeurs sûres. Pendant que les yeux se régalent, les papilles s’inclinent… les sens sont à la fête.
Menu du Marché 26-32 €
Brasserie Vagenende
142, boulevard Saint-Germain
75006 Paris
Tél : 01 43 26 68 18
Chocolatier Debauve et Gallais
Debauve & Gallais, est une entreprise chocolatière française, fondée par Sulpice Debauve1 en 1800. L’entreprise est renommée lorsque Sulpice Debauve est rejoint par son neveu, Jean Baptiste Auguste Gallais en 1823.
Après avoir été le fournisseur de Napoléon Ier, l’entreprise se voit décerner en 1819 le titre de fournisseur attitré de la cour de France, et sera le fournisseur officiel en chocolats des rois Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe.
C’est l’un des plus anciens commerces de la capitale, alors forcément, le chocolatier Debauve et Gallais est chargé d’histoire.
À titre d’exemple, il est dit que certains Rois de France apaisaient directement leurs pulsions gourmandes en allant s’approvisionner chez le vieux confiseur.
Aujourd’hui, l’échoppe devenue institution ravit chaque jour ses visiteurs, notamment grâce à son cadre aussi appréciable à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Debauve et Gallais
30, rue des Saints-Pères
75007 Paris
Tél : 01 45 48 54 67
Jardin du Petit Palais
Le jardin du Petit Palais est un véritable havre de paix. Situé au cœur du musée, il permet de faire une halte pendant la visite des collections et des expositions et d’accéder au café-restaurant du musée.
Le jardin est organisé autour de trois bassins, pavés de mosaïques aux tesselles bleues et dorées, réalisées par l’atelier Giandomenico Facchina (1826-1923) pour l’ouverture du musée en 1900. Il est planté d’arbres exotiques (palmiers, bananiers), mêlés à des graminées ou à des arbres dont le feuillage change en fonction des saisons.
Le jardin permet également d’accueillir, dans un cadre exceptionnel, des sculptures contemporaines comme pendant la FIAC, ou être le lieu d’événements comme pour la Nuit Blanche.
Après une petite expo, rien de tel qu’un petit rafraîchissement dans un cadre idyllique. Le jardin du Petit Palais et son joli café tombent alors à point.
En effet, le grand vestibule recouvert de mosaïques articulé autour de la verdure a tout d’une parenthèse inattendue.
L’âme de la Belle Époque se fait franchement ressentir, notamment par l‘architecture Art Déco que représente le tout.
Jardin du Petit Palais
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
Maxim’s
On ne présente plus ce célèbre établissement parisien de la rue Royale et pourtant, à sa création en 1893, le Maxim’s était simplement un bistrot destiné aux cochers de fiacre. Mais la venue d’Arnold de Contades et d’Irma de Montigny, représentants de la jeunesse dorée changera la donne. L’établissement deviendra de fil en aiguille un lieu mondain et élégant, fréquenté par le tout-Paris de la Belle Époque.
Une délectation, cette tranche de vie de la Belle Epoque reconstituée à travers l’établissement de légende parisien de la rue Royale, emblème du luxe à la française, «le lieu de tous les délices et de toutes les débauches» pour ceux qui en colportent la mémoire.
Au coeur de «l’empire de la noce», la place la plus connue du gotha a prospéré dans les murs d’un restaurant acquis et exploité, dès le 23 avril 1893, par Maxime Gaillard, garçon de café de son état qui n’aurait jamais osé imaginer pareille destinée.
Maxim’s
3, rue Royale
75008 Paris
Parc Monceau
Vers la fin du XIXe siècle, le parc Monceau est un repaire d’artistes et l’un des espaces verts préférés des flâneurs de la Belle Époque et l’âme artistique des lieux se fait encore ressentir aujourd’hui, en témoignent les nombreuses statues de poètes, musiciens et peintres qui peuplent ses allées.
Aujourd’hui encore, le parc Monceau et ses curiosités attirent chaque jour un bon nombre de visiteurs.
Parc Monceau
35, boulevard de Courcelles
75008 Paris
Terminus Nord
Surprenante découverte que ce café qui jouxte la Gare du Nord, où l’Art déco se mêle harmonieusement à l’Art Nouveau !
Le lieu se laisse d’abord découvrir par sa grande salle rectangulaire résolument Art déco dont le carrelage à pâquerettes se reflètent joliment dans les miroirs qui ornent la pièce.
Toutefois, un petit salon planqué au fond de l’établissement vient confondre le visiteur avec sa fenêtre typique Art Nouveau, cernée d’un bandeau de pensées violette et parme. Une adresse prisée des habitués de l’Eurostar !
Á déguster : huîtres et fruits de mer, œufs meurette et pâté croûte, choucroute, andouillette 5A, rognons de veau, steak au poivre…
Mais tous les appétits y sont également satisfaits, la carte, d’un bel éclectisme, offrant un large panorama néo-classique avec par exemple un agréable carpaccio de haddock sur salade de fenouil croquant ou une soupe à l’oignon qui connait toujours un joli succès, puis une choucroute paysanne, au chou bien croquant et acidulé juste comme il faut, avec plein de viandes et de saucisses, ou une incontournable bouillabaisse marseillaise servie avec de la rouille et des croûtons, et enfin des profiteroles au chocolat chaud.
Prix : Environ 55 € hors boissons à la carte. Menu à 36€ et formule à 22€,50.
Terminus Nord
23, rue de Dunkerque
75010 Paris
Tél : 01 42 85 05 15
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