Paris, musée à ciel ouvert, regorge d’œuvres, joyaux d’une ville propice à l’art public. Sculptures de pierre, statues de bronze, elles esthétisent le territoire sensible de la cité. Réinventée au XIXème siècle par les grands travaux d’Haussmann, les rues de Paris sont marquées par le goût de cette époque, un classicisme teinté d’éclectisme. Durant l’Occupation, de nombreux bronzes disparaissent de l’espace public pour être fondus. Dès les années 1950, l’Etat veille à remplacer ces œuvres afin de restaurer le prestige de la France après le régime de Vichy.
L’intrusion de l’art moderne puis contemporain au cœur du tissu urbain historique, des lieux de pouvoir somptuaires, vitrines diplomatiques, ne manque pas de saveur. De nos jours, la politique de commande et d’acquisition de l’Etat a pour objectif de rendre l’art accessible au plus grand nombre. Démocratisation de la culture, intégration au quotidien. Ce mécénat, financement de la création par des subventions, apporte un soutien aux artistes et permet d’accroître un patrimoine artistique ancré dans notre temps. Témoignages de l’attachement à certaines figures publiques, les œuvres hommages célèbrent des personnalités aux vocations très variées : artistes, écrivains, penseurs, scientifiques, grands résistants, activistes ou bien désormais chanteurs. Elles saluent la mémoire, l’engagement, l’héritage et nourrissent l’idée de transmission aux générations futures. Pourtant, ces créations ne font pas toujours l’unanimité auprès du public.
Mirage de l’art pour tous. Les admirateurs des personnalités populaires en particulier manifestent volontiers leur perplexité, tels les fans de Johnny Hallyday découvrant à Bercy l’hommage du plasticien Bertrand Lavier. Figuratives, les œuvres interrogent. Les effigies se voient reprochées d’être peu flatteuses, ne rendant pas justice. Allégoriques, elles déçoivent aussi. Abstraites, le geste esthétique est souvent jugé trop ésotérique. A défaut de contenter tout le monde, malgré les réceptions diverses, ces œuvres hommages contemporaines ne manquent pas d’intérêt. Leur sujet et le traitement, reflet de l’époque incarnent un certain air du temps.
Voici une sélection de statues hommages parisiennes, à découvrir :
Angel Bear
œuvre de Richard Texier
Place Napoléon III, sur le parvis de la Gare du Nord, un singulier plantigrade ailé rutile au soleil dans les éclats chromés de ses laques vermillon. Angel Bear, une oeuvre monumentale signée Richard Texier a pris place, en juin 2015, devant la façade classique de cette agora moderne qu’est la première gare d’Europe. Commandée par la SNCF Gares et Connexions dans le cadre de la Conférence pour le Climat, la COP21 qui s’est tenue en décembre dernier, la silhouette haute de 7,5 mètres semble se désintégrer sous l’effet d’un mal mystérieux, le réchauffement climatique.
Conceptuel et plastique, le cri silencieux de l’animal de bronze interpelle les passants pour les sensibiliser à l’urgence d’agir. Aérienne malgré ses 4,8 tonnes, la chimère déploie ses ailes dans une tentative pour s’échapper, hors du monde, déjà, porte-parole cosmique des ours polaires menacés d’extinction par le changement climatique et la fonte des glaces. Une oeuvre au propos écologique.
Place Napoléon III
Parvis de la Gare du Nord
75010 Paris
Cheval cabré
œuvre de Camilo Otero
Une insolite statue équestre datant de 1980 intitulée Cheval Cabré caracole sur la place Lucien Herr. Œuvre du sculpteur figuratif espagnol également peintre et graveur, Camilo Otero, cette sculpture est représentative du bestiaire fantastique de l’artiste. Le travail de celui-ci, dense et créatif est empreint de sensualité et d’un humour qui flirte avec l’absurde. Au cœur de sa mythologie ironique se mêlent chimères oniriques et scènes du quotidien, hommage aux plus modestes comme le motif récurrent de la femme à la criée rappelant sa mère.
Camilo Otero cherche à révéler la beauté cachée du monde. Son intérêt pour l’art brut et l’art du néolithique ont durablement marqué son approche personnelle. Son oeuvre s’est alors parée de formes primitives rappelant les volumes de la nature animale. Selon lui la création sincère en prise directe avec les éléments naturels et l’imaginaire donnent son caractère unique à l’œuvre, un caractère qui vient du cœur et de la passion de l’artiste.
Place Lucien Herr
75005 Paris
Danse de la fontaine émergente
œuvre de Chen Zhen et Xu Min
A la fois sculpture hybride, fontaine monumentale et installation d’art contemporain imprégnée d’art industriel, La danse de la fontaine émergente est la dernière œuvre importante imaginée par Chen Zhen, plasticien franco-chinois, avant sa disparition. Une création impressionnante, révélatrice de sa philosophie, hymne à un monde multiculturel. Inaugurée le 12 février 2008, La danse de la fontaine émergente est une œuvre singulière d’une grande complexité technique combinant le travail du verre et du métal, l’ingénierie caractéristique de l’eau et la vision éclairée d’un artiste de grand talent. Elle aura nécessité plus de 7 ans de travail avant de voir le jour entre la conception et la réalisation.
La danse de la fontaine émergente évoque l’histoire du lieu et symbolise l’énergie de l’eau puisée dans la Seine pour alimenter la ville mais également les liens unissant Paris à la communauté asiatique. Cette œuvre représente un dragon stylisé qui jaillit du mur de l’usine souterraine de production d’eau et dont le corps semble plonger dans le béton devenu liquide par la magie de l’illusion artistique, émerge à nouveau du sol comme d’un lac, bondit une dernière fois avant de disparaître en direction de la Seine. La tête de cet animal mythologique n’est pas représentée laissant, comme le suggère l’encart informatif, l’imagination vagabonder.
Place Augusta Holmes
rue Paul Klee
75013 Paris
Les Enfants du Monde
de Rachid Khimoune
Œuvre du sculpteur français Rachid Khimoune, Les Enfants du Monde est un ensemble de vingt et une sculptures de bronze, installé depuis 2001 dans le parc de Bercy sur la terrasse qui domine la Seine au niveau de la passerelle Simone-de-Beauvoir. Représentant vingt et un pays différents, vingt et une cultures, les statues sont réalisées à partir de moulages d’empreintes urbaines – plaques d’égout, bitume fracturé, pavés, asphalte, utilitaires de la voirie – relevées dans les villes, prélevées dans les rues des grandes cités postindustrielles et des pays que chaque enfant symbolise.
« Tous les bitumes se ressemblent, pourtant les plaques d’égouts et les grilles d’arbres se distinguent d’une ville à l’autre comme un tatouage sur la peau. Ces signes révèlent même l’identité de la ville… J’aurais moulé les mots : Eau – Assainissement – Gaz – Electricité dans toutes les langues du monde » explique Rachid Khimoune.
L’aspect ludique des Enfants du Monde, symbole de fraternité et de tolérance, cet émerveillement devant la vie humaine, sa diversité et cette capacité à réenchanter, procède d’un imaginaire proche de celui de l’enfance. Ce sont d’ailleurs les plus jeunes qui intuitivement saisissent les premiers la démarche.
Parc de Bercy
au niveau de la passerelle Simone-de-Beauvoir
75012 Paris
Hommage à Berty Albrecht
oeuvre de Michèle Forgeois
Hommage à Berty Albrecht (1893-1943), oeuvre réalisée en 1984 par Michèle Forgeois, a été inaugurée le 28 octobre 1988 par le président François Mitterrand, place du Bataillon-du-Pacifique. Médaille militaire de la Croix de Guerre, Médaille de la Résistance, Berty Albrecht, figure du féminisme, a mené une vie de combat et d’engagement. Elle milite très tôt pour la défense du droit des femmes et joue un rôle majeur au sein de la Résistance auprès du groupe Combat. Elle est l’une des six femmes Compagnons de la Libération, l’une des deux femmes inhumées dans la crypte du mémorial de la France combattante du Mont Valérien. Le monument qui lui rend hommage emprunte la double voie de l’abstraction et de la figuration. Un bloc de marbre de carrare, poli dans un doux mouvement de courbe repose sur un piédestal en bronze. Celui-ci est orné de deux portraits de Berty Albrecht l’un en relief, le second en creux, évocation symbolique des activités de l’ombre.
Cette sculpture embrasse les caractéristiques plastiques du travail mené par Michèle Forgeois (1929-2000) tout au long de sa carrière. La taille directe, les jeux de volumes, de pleins et de vides, les lignes harmonieuses. L’artiste a laissé sa trace au sein des collections publiques, en collaborant avec la Banque de France à Marne la Vallée ou avec les Archives départementales à Périgueux. A Bercy, la stèle restaurée en 2018 demeure la propriété du Centre national des arts plastiques.
Place du Bataillon du Pacifique
75012 Paris
Monument à François Arago
œuvre de Wim Delvoye
Oeuvre du plasticien belge Wim Delvoye, le bronze hommage à François Arago (1786-1853), scientifique et politicien, garde l’entrée du Jardin de l’Observatoire, institution dont il a été directeur de 1843 jusqu’à sa mort. Cette statue inaugurée en 2017, reconnaissance tardive envers un grand homme, remplace celle qui se trouvait place de l’Ile-de-Sein, fondu en 1942 durant l’Occupation. Soixante-quinze ans après la destruction de l’oeuvre signée Alexandre Oliva datant de 1894, l’association ARS Arago fondée au sein de l’Ecole Polytechnique a obtenu la réalisation d’un nouveau monument.
Le projet de Wim Delvoye s’inspire du bronze originel. Il a travaillé à partir de dessins préliminaires du portrait réaliste d’Arago, esquisses très figuratives réalisées par Oliva au XIXème siècle et conservées au Louvre. Le plasticien belge a imaginé une silhouette déformée par une torsion hélicoïdale, motif emblématique de son travail. En utilisant un programme informatique 3D, il a obtenu une image plus abstraite du scientifique, image qui dans sa conception même fait référence aux lois mathématiques qui régissent la nature et la physique, sujet d’étude principale d’Arago.
Jardin de l’Observatoire
98 boulevard Arago
75014 Paris
Le Passe-muraille
hommage à Marcel Aymé
par son ami Jean Marais
Le Passe-muraille, statue hommage à l’écrivain Marcel Aymé (1902-1967) et à la nouvelle fantastique, publiée en 1943, dans le recueil du même nom, est une curieuse oeuvre qui semble jaillir du mur attenant au jardin de la cité des artistes. La statue de bronze, signée Jean Marais (1913-1998), est devenue l’une des curiosités du quartier depuis son installation en 1989. Elle attire autant le regard des passants, les commentaires des badauds que les selfies des touristes perplexes.
Le célèbre personnage de Dutilleul dit le passe-muraille, homme doté d’un don surprenant qui lui permet de traverser les murs, apparaît figé dans la pierre au moment où il émerge de la paroi.
Tête et buste partiellement dégagés, une main, une jambe, l’ensemble s’élève à 2,30 mètres de hauteur. L’artiste qui réalise l’original en 1967 au lendemain du décès de Marcel Aymé, a prêté les traits de l’écrivain son ami, à la statue. Le bronze final a été inauguré à Montmartre le 25 février 1989 sur la place qui porte le nom de Marcel Aymé depuis le 10 décembre 1986.
Place Marcel Aymé
75018 Paris
Hommage à Albert Camus
œuvre de Michel Poix
L’Hommage à Albert Camus, une oeuvre de Michel Poix (1933-2018), a été inauguré au débouché de la rue éponyme, place du Colonel Fabien, en 1986. La sculpture monumentale s’inscrit dans le cadre de la ZAC Grange-aux-Belles, opération d’urbanisme menée par l’architecte Jean-Claude Bernard. L’ensemble a été achevé en 1983.
Le monument, commandé en 1984, rejoint son point d’ancrage actuel deux ans plus tard. Composé d’un socle de béton surmontée d’une figure d’acier inoxydable, il culmine à 5,50 mètres de hauteur. Volutes de métal, foisonnement de courbes, de pleins et de déliés, un ruban de Möbius enveloppe une silhouette humaine dans une torsion rutilante. L’oeuvre symbolise la pensée complexe d’Albert Camus.
Place du Colonel Fabien
75010 Paris
Hommage au poète Paul Celan
œuvre d’Alexander Polzin
Le sculpteur berlinois Alexander Polzin, fasciné par l’oeuvre de Paul Celan, a nourri durant dix-sept ans le projet d’ériger un monument dédié au poète, un mémorial à Paris où celui-ci a passé plus de la moitié de sa vie. De discussions en tractations, de recherches de partenariat, de mécénat en quête d’un lieu, cette initiative de longue haleine a trouvé sa réalisation finale avec l’inauguration le 1er juin 2016 du groupe de sculptures « Hommage à Paul Celan ».
Á l’entrée du jardin Anne Frank au cœur du Marais historique, ces silhouettes de bronze signées Alexander Polzin éclairent les interrogations de l’artiste au sujet du rôle de l’art public dans la mémoire collective, de son influence sur la vie de la cité. A travers cette oeuvre, Alexander Polzin établit un lien entre la forme plastique et la langue idiomatique de la poésie de Celan. Double sculpture d’urgence et de puissance, deux figures se font face, légèrement détournées l’une de l’autre, corps taillés dans le bois dont le bronze prend l’apparence.
Jardin Anne Frank
14 impasse Berthaud
Accès 22 rue Beaubourg
75003 Paris
Buste de Dalida à Montmartre
œuvre d’Alain Aslan
Le buste de Dalida à Montmartre, oeuvre du sculpteur français Aslan inaugurée en 1997, est rapidement devenu un lieu de pèlerinage et de recueillement pour les admirateurs de cette icône de la chanson populaire. Désormais, les touristes du monde entier prolongent la légende à travers un curieux rituel pas toujours du goût des riverains qui y voient galéjade et indécence. Polie par les hommages répétés, la patine du bronze est usée au niveau de la poitrine. Caresser les seins de métal porterait bonheur, particulièrement en amour. L’origine de cette nouvelle tradition demeure incertaine.
Dalida se donne la mort le 3 mai 1987. Montmartre rend hommage à l’interprète de Gigi l’amoroso une première fois près de dix ans après son décès. La Ville lui consacre une place, au carrefour de la rue de l’Abreuvoir, de la rue Girardon et de l’allée des Brouillards à deux pas de son ancien domicile. Ce confetti charmant devient place Dalida par arrêté municipal du 5 décembre 1996. Second hommage du quartier à la chanteuse, le millésime 1996 de la cuvée du Clos Montmartre porte son nom. Puis le 24 avril 1997, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort, est inauguré un buste à son effigie. Ce bronze élégant et sensuel est signé Aslan (1930-2014) nom d’artiste d’Alain Gourdon qui emprunte le patronyme de son grand-père d’origine arménienne. Célèbre pour ses figures féminines et ses portraits de célébrités, il a représenté Marianne deux fois, en empruntant les traits de Brigitte Bardot en 1968 puis ceux de Mireille Mathieu en 1978. Il est également l’auteur de bustes fameux du Général de Gaulle, Alain Delon et Georges Pompidou.
Place Dalida
75018 Paris
Hommage au poète roumain Mihai Eminescu
œuvre de Ion Vlad
Hommage au poète roumain Mihai Eminescu (1850-1889), une statue de bronze dresse sa silhouette singulière à l’angle des rues Jean-de-Beauvais et des Ecoles. Oeuvre post-moderniste du sculpteur Ion Vlad (1900-1992), artiste roumain naturalisé français, sa création a été initiée par l’Eglise orthodoxe roumaine de Paris (église orthodoxe des Saints Archange) voisine et la Ligue culturelle roumaine. Ce bronze patiné réalisé à la Fonderia artistica Versiliese Pietrasanta, prestigieuse fonderie d’art italienne, a été inaugurée à Paris le 15 juin 2009 à l’occasion du centenaire de la mort du poète.
Il représente Mihai Eminescu dans une pose lyrique, visage expressif tourné vers le ciel et l’inspiration, livres sous un bras, pieds nus symbolisant son humilité. Eléments plus inhabituels, son vêtement évoque une armure fracturée ou les lambeaux de la pauvreté, de la bohème, tandis qu’une corde ceint sa taille. Les deux longues branches qui encadrent la sculpture renvoient à l’idée de nature, motif récurrent de l’oeuvre de Mihai Eminescu.
Angle des rues Jean de Beauvais et des Ecoles
75005 Paris
Hommage à Johnny Hallyday
œuvre de Bertrand Lavier
La sculpture hommage à Johnny Hallyday, signée de l’artiste Bertrand Lavier, a été inaugurée le 17 septembre 2021, en présence de cent-cinquante motards, de ses proches et de ses musiciens. Le lieu, en face de la salle de Bercy, désormais Accor Hotels Arena où le rocker a donné cent-un concerts, semble particulièrement approprié.
L’oeuvre célèbre la mémoire d’un chanteur populaire, figure du patrimoine français, dont les chansons ont su créer un lien particulier entre les générations de fans. Johnny Hallyday n’aimait pas les statues à son effigie. Bertrand Lavier a choisi d’accoler des symboles associés à l’idole des jeunes, représentation d’un certain esprit de rébellion. La démarche artistique s’inscrit dans la filiation du ready-made. Les éléments sélectionnés, objets porteurs de sens, illustrent un style de vie de musique et de vitesse dans une forme finale audacieuse. D’une base en granito bleu clin d’œil au « Walk of Fame » d’Hollywood Boulevard, jaillit un mat en acier inoxydable qui figure un manche de guitare. Au sommet de celui-ci, une véritable Harley Davidson bleu métal, modèle Fatboy, semble se cabrer dans les airs, perchée à six mètres de hauteur. La moto évidée de toute sa belle mécanique, sans moteur, appartenait réellement à Johnny Hallyday.
Esplanade Johnny Hallyday
75012 Paris
Harmonie
Œuvre de Volti
Le sculpteur français d’origine italienne, Antoniucci Voltigero dit Volti, a consacré sa vie à l’étude des courbes féminines dont les rythmes et les volumes le fascinent telle une grande architecture de chair à la fois symbole nourricier et sensuel. A la sortie de la station Arts et Métiers, un bronze monumental au titre évocateur, Harmonie, représente une femme nue assoupie qui repose gracieusement sur un piédestal. Formes généreuses, cuisses charnues, ventre rond, seins lourds, cette silhouette alanguie célèbre la plénitude du corps source de vie, féminité épanouie. L’oeuvre de Volti s’inscrit dans la lignée de Rodin, Bourdelle et les critiques d’art la rapprochent souvent de celle de Maillol. Cependant l’artiste réfute la comparaison. » Maillol est un charnel.
Moi, je suis un architecte de la sensualité. » Le corps féminin est le principal sujet d’étude de Volti. A travers sa sculpture qui évoque la statuaire méditerranéenne, il glorifie les formes de femmes voluptueuses porteuses de vie. » Ce qui m’intéresse, c’est moins la femme que son architecture… C’est dans le corps de la femme que je puise mon inspiration.
Place Theodor-Herzl
75003 Paris
Hommage à Edith Piaf
œuvre de Lisbeth Deslile
Hommage à Edith Piaf (1915-1963), la statue de bronze imaginée par la sculptrice Lisbeth Delisle propose une représentation expressive à taille humaine de l’artiste. Ce portrait en pied haut d’1m75, est néanmoins bien plus grand que ne l’était la chanteuse qui mesurait seulement 1m47.
Bras levés vers le ciel, corps fluet, douloureux d’émotion et disparaissant dans une robe trapèze, tête renversée en arrière, visage tendu, bouche ouverte, la statue semble chanter à plein poumon, regard perdu dans l’imaginaire de sa complainte. Elle a été officiellement présentée au public le 11 octobre 2003 au cours des cérémonies d’inauguration après réaménagement de la place portant son nom, à l’occasion du quarantième anniversaire de la disparition de l’artiste. Edith Piaf, chanteuse populaire poussée dans la rue a incarné par ses chansons l’aspiration au bonheur d’une humanité souffrante. Le bronze posé au niveau des passants revendique son accessibilité telle l’artiste proche de son public.
Place Edith Piaf
75020 Paris
Hommage à Saint-John Perse
œuvre de Patrice Alexandre
Hommage à Saint-John Perse, l’une des rares œuvres d’art contemporain présente au Jardin des Plantes, célèbre l’idée de processus créatif littéraire. En 1985, le sculpteur Patrice Alexandre reçoit commande de la part du ministère de la Culture. Il s’agit d’honorer la mémoire de Saint-John Perse, pseudonyme d’Alexis Léger (1887-1975), poète, écrivain et diplomate français, prix Nobel de littérature en 1960.
Il imagine trois plaques de bronze patiné, gravées de trois versions différentes du poème Nocturne, une oeuvre aux accents testamentaires datant de 1973, qui convoquent par la reproduction monumentale de l’écriture manuscrite de l’auteur, le cheminement cognitif de la création. Ratures, annotations, brouillons jusqu’au texte final tapuscrit se déploient sur 2,7 mètres de haut et 1,26 mètres de large. Cette pièce appartenant aux collections du Centre national des arts plastiques a été exécutée en 1989 dans les ateliers de la fonderie d’art milanaise Mapelli. A première vue, la sculpture se compose de monolithes plantés dans le sol, tablettes gravées qui ne sont pas sans rappeler la pierre de Rosette. En regardant de plus près, le motif de la feuille d’arbre s’impose tandis qu’au verso de l’oeuvre se dévoile un curieux réseau de nervures.
Jardin des Plantes
75005 Paris
Fontaine Stravinsky ou fontaine des Automates
œuvre de Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle
Oeuvre in situ associant à son esthétique singulière les éléments architecturaux du lieu tout en soulignant le dynamisme propre à ce quartier de Paris, la fontaine Stravinsky offre un contraste saisissant entre le plan d’eau de 580m2 et l’espace minéral de la place. Spectacle musical et chamarré, théâtre nautique, cet ensemble exubérant de sculptures batifolant dans l’eau réenchante la réalité quotidienne à travers une appropriation poétique du concret. La fontaine-sculpture imaginée comme une invitation à l’insouciance et à la joie par le couple mythique du Nouveau Réalisme, Jean Tiguely et Niki de Saint Phalle, a été inaugurée en mars 1983.
Monument synthèse mêlant sculpture, peinture, architecture, design urbain et musique, la fontaine Stravinsky cite directement les œuvres du compositeur Igor Stravinsky à qui elle est dédiée, telles que L’Oiseau de feu 1910, Le Sacre du Printemps 1918, Les Noces de Petrouchka 1911, Le renard 1916, Ragtime 1918. En tout seize sculptures, sept créations monochromes et mécaniques de Jean Tinguely, six œuvres opulentes et bariolées de Niki de Saint Phalle ainsi que trois pièces réalisées conjointement rappellent Le Paradis fantastique, une œuvre commune aux deux artistes imaginée pour le pavillon français de l’Exposition Universelle de 1967 à Montréal, un groupe qui se trouve aujourd’hui à Stockholm au Moderna Museet.
Place Stravinsky
75004 Paris
Monochrome for Paris
sculpture de Nancy Rubins
Juste devant l’université Paris VII Diderot se dresse, au milieu d’une pelouse, une intrigante structure métallique de 10 mètres de haut et autant de large, une sculpture monumentale réalisée par l’artiste américaine Nancy Rubins. Originellement prévue pour se trouver aux abords de la ligne T3a, l’un des tronçons prolongeant le tramway entre porte d’Ivry et porte de la Chapelle, Monochrome for Paris fait l’école buissonnière le long des bords de Seine, s’échappant à l’écart du boulevard Masséna.
Erigée en 2013, cette sculpture est certainement l’une des œuvres les plus impressionnantes du parcours d’art contemporain côtoyant le récent tracé tram. Au sommet d’un mât d’inox, se déploie un enchevêtrement arborescent de 10 barques et 50 canoës assemblés de sorte à former une sorte de pissenlit d’acier gigantesque dont les aigrettes lancent des éclats froids, un arbre de métal aux branches effilées. Entre évocation des forces de la nature et détournement d’objets manufacturés, Monochrome for Paris assume une végétalité paradoxale dont la dynamique multidirectionnelle fait également songer aux déflagrations incandescentes d’un feu d’artifice, étoiles soudainement figées dans le ciel. L’œuvre de Nancy Rubins est essentiellement axée sur la réalisation d’assemblage hétéroclites, des agglomérations inversant les priorités forme et fonction, requalifiant les objets usuels en exaltant leurs propriétés esthétiques.
Esplanade Pierre Vidal- Naquet
75013 Paris
Le Mur des je t’aime
œuvre de Frédéric Baron et Claire Kito
Le Mur des je t’aime, une œuvre monumentale très fleur bleue inaugurée le 12 octobre 2000 dans le jardin romantique, lieu de rendez-vous pour les amoureux du monde entier, le square Jehan Rictus. Frédéric Baron auteur-compositeur et poète, habitué du quartier, avec le concours de la calligraphe Claire Kito, a imaginé un tableau composé de 612 carreaux en lave émaillée bleue, ponctué d’éclats de couleur rouge représentant les morceaux d’un cœur brisé. Sur les fines dalles, les mots je t’aime se déclinent, manuscrits, en 280 langues et dialectes du monde entier. Anglais, corse, chinois, kirghiz, navajo, esperanto, inuit, bambara se mêlent, image de paix fraternelle entre les peuples, message d’amour universel.
Le format des plaques rappelle celui des feuilles de papier sur lesquelles ont été recueillies les écritures. L’œuvre pensée par Frédéric Baron est le résultat de huit années d’un travail de fourmi débuté en 1992. « Un jour, mon frère m’a écrit je t’aime sur une feuille. J’ai été si bouleversé que je suis devenu un collectionneur de je t’aime. » Amis, voisins, inconnus croisés au hasard des rencontres, Frédéric Baron recueille sur des feuilles de papier 1500 déclarations rédigées à la main. Il imagine de les assembler afin de couvrir un mur hommage à l’amour. Au final, 311 écritures manuscrites murmurent des mots doux en près de 300 langues. Projet simple et charmant, le Mur des je t’aime est devenu un symbole de romantisme mais également un lieu de réconciliation, un trait d’union entre les peuples.
Square Jehan Rictus – Place des Abbesses – Paris 18
L’Oiseau Lunaire
œuvre de Joan Miró
L’Oiseau lunaire et son pendant l’Oiseau Solaire font partie d’une série débutée par Joan Miró en 1966 dans son atelier de Palma de Majorque qui durera jusqu’en 1968. Sculptures animalières fantastiques au modelé d’inspiration mythologique, chimères cornues chargées d’une puissance onirique, elles évoquent des figures presque humaines.
Personnage hybride, l’Oiseau Lunaire revendique ses influences cosmiques où transparaissent des rigueurs asiatiques et des rondeurs africaines. S’inspirant des formes organiques de la nature, Miró imagine une créature à la fois vache aux longues oreilles, licorne doté des propriétés compactes de la tortue, volatile gratifié de la corne du rhinocéros.
Le monde des oiseaux fait partie, depuis la série des Constellations, du bestiaire de l’artiste mais « Les oiseaux ne figurent en rien l’oiseau en vol ou susceptible de vol. Ce sont encore des figures à mi-chemin entre l’homme et un être plus svelte. Sortes de créatures androgynes, où les courbes flexibles et les jaillissements rigides s’épousent harmonieusement et étroitement. »
Square de l’Oiseau Lunaire
45-47 rue Blomet
75015 Paris
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